Une dizaine de personnes ont bravé la pluie ce matin à Sherbrooke pour s'opposer au Programme objectif emploi du gouvernement du Québec. Selon elles, l'obligation des personnes demandant l'aide social pour la première fois à participer à ce programme n'a pas sa raison d'être, tout comme les sanctions qui y sont rattachées.
Le Programme objectif emploi a été mis en place le premier avril dernier par le gouvernement du Québec. Son objectif est d'offrir un accompagnement personnalisé aux personnes admissibles pour une première fois au Programme d'aide sociale et leur permettre de retourner sur le marché du travail pour ainsi développer une autonomie financière.
Depuis les derniers jours, plusieurs critiquent cette initiative gouvernementale puisque des sanctions peuvent être appliquées advenant un manquement sans motif valable dans le plan d'intégration à l'emploi. Une dizaine de personnes de la Coalition régionale estrienne de l'aide sociale étaient réunies ce matin sur la rue King Ouest pour sensibiliser la population. Selon Line Marcoux, coordonnatrice de la Table d'action contre l'appauvrissement de l'Estrie, « ces sanctions vont amener plus d'itinérants, plus de demandes dans les banques alimentaires et plusieurs personnes vont énormément en souffrir. »
« Le gouvernement peut mettre en place des programmes, mais ça ne doit pas être obligatoire, ajoute-t-elle. Cela s'est déjà fait par le passé, mais tout a dû être arrêté puisqu'il manquait de personnel, d'efficience et d'expérience. »
« Les gens ne sont pas toujours aptes à aller sur le marché du travail quand ils demandent l'aide-social », précise Geneviève Bouchard, coordonnatrice d'Action Plus.
Encore plusieurs préjugés
Toujours selon Mme Marcoux, la mise sur pied du Programme objectif emploi va à l'encontre de la lutte contre les préjugés des personnes demandant l'aide social.
« Beaucoup de personnes ne sont pas reconnues inaptes au travail, admet-elle. Pour ce faire, il faut un papier du médecin et c'est très difficile à avoir. Certains ont dû attendre jusqu'à quatre ans. Le gouvernement dit que les agents vont pouvoir détecter lorsqu'une nouvelle personne sur l'aide sociale n'aura pas à suivre le programme en raison de problèmes. Quelles aptitudes vont-ils avoir pour juger que quelqu'un a des problèmes de santé mentale? »
Chaque jour, Mme Bouchard côtoie des gens qui font la demande d'aide sociale. Dans plusieurs cas, ils ne sont pas tous prêts à retourner sur le marché du travail. « On veut sensibiliser, c'est vraiment le cas de le dire, note-t-elle. Les préjugés sont déjà énormes et la cause de l'aide sociale n'est pas la favorite de notre population. »
Une personne sur l'aide sociale refusant de participer au programme pourrait voir le gouvernement lui appliquer des coupures pouvant aller jusqu'à 224 $ pour le mois suivant sur un montant de 648 $. « Depuis 2015, on s'oppose à ce programme, remarque Mme Bouchard. Déjà, avec 648 $, les gens ont de la difficulté à vivre. Comment vont-ils y arriver avec cette sanction de 224 $? On veut comprendre la logique derrière ça. »
« Ce n'est pas un choix d'aller vers l'assistance sociale, rappelle Mme Bouchard. C'est important de le mentionner. Si on peut changer la perception des choses, on aura fait un bout de chemin. »