Du 30 novembre au 11 décembre, huit étudiants de l'Université de Sherbrooke ont assisté à la COP21, la Conférence annuelle des parties (Conference of Parties) contre les changements climatiques, à Paris. Une expérience difficile à décrire avec des mots selon Guillaume Rivest, l'un des étudiants.
Un projet de session pas comme les autres
Pendant la conférence, ils devaient suivre un acteur, une trame de négociation et ensuite réaliser un travail individuel. Chaque jour, ils assistaient aux conférences sur des trames spécifiques de négociation, par exemple sur les objectifs de chacun des pays en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES). D'autres conférences traitaient du développement technologiques ou encore des annonces gouvernementales.
La plupart des conférences étaient données par de grands spécialistes de la question environnementale. Un d'entre eux a particulièrement impressionné Guillaume.
« Assister à une conférence donnée par Al Gore, c'est particulier parce qu'il s'agit d'un homme très connaissant de la question, en plus d'être un ex-vice-président des États-Unis et récipiendaire d'un Nobel de la Paix. Le matin de notre arrivée, on a annoncé une conférence strictement réservée aux observateurs, sans les délégués gouvernementaux et sans les médias. Il a pris chacune des questions et y a répondu! Il avait une solution pour chaque problématique qu'on pouvait soulever, du rôle des femmes à celui de la finance en passant par l'explication de mécanismes économiques. »
L'accord, vu par la nouvelle génération
Plusieurs choses contenues dans l'accord de Paris ont surpris l'étudiant : « Premièrement, au niveau des négociations, je ne m'attendais pas à un accord aussi bien écrit compte tenus des échecs des dernières tentatives. Pour être honnête, je m'attendais à un nouvel échec, ou un accord fantoche. Cependant, c'est un accord qui possède de bonnes bases qui est ressorti de Paris. »
Pourquoi? Selon lui, on n'y répète pas les erreurs de Kyoto, en particulier au niveau des cibles et objectifs chiffrés établis pour chaque pays. C'est ce qui aurait causé la perte du protocole de Kyoto, signé en 1997, dont les cibles chiffrées étaient jugées trop contraignantes. Aussi, l'accord ne comprend que des positions mitoyennes, c'est-à-dire que si un État a cédé quelque chose, il gagne autre chose plus loin.
« La grande différence, c'est que cette fois, les pays doivent revoir leurs engagement tous les cinq ans, ils doivent rendre des comptes sur les actions concrètes réalisées pour réduire leurs émissions de GES et lutter contre les changements climatiques. C'est ça qui est contraignant. »
Autre chose : le momentum est différent. La Conférence de Paris était en préparation depuis plusieurs années et dix années se sont écoulées depuis l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, en 2005.
« L'urgence est là et les conséquences des changements climatiques sont bien plus visibles, affirme Guillaume. À l'époque de Kyoto, on percevait la lutte aux changements climatiques comme non-conciliable avec les questions de développement économiques. Aujourd'hui, les paradigmes changent : les gouvernements et les entreprises voient des opportunités d'affaires dans le développement et la commercialisation d'énergies propres. »
La récente expérience de l'Alberta et des prix du pétrole donnerait aussi le goût de ne plus être soumis aux prix sur les marchés, aussi.
Encore bien du travail à faire pour les États
Seule ombre au tableau pour l'étudiant : plusieurs des mécanismes présents dans l'accord ne sont pas encore négociés. L'échange de crédits d'émissions entre les pays n'a pas encore décliné si parlementé entre les chefs d'État. Cependant, bien des choses seront expliquées lors de la prochaine COP, à Marrakech.
« Il y a aussi de beaux engagements au niveau financier qui ont été avancés, mais nous sommes encore loin de voir l'argent dans le compte de banque. Et les États devront s'engager à ne plus subventionner le pétrole s'ils veulent être conséquents. »
Selon lui, il faudra aussi revoir le rôle du Fonds vert pour le climat qui devrait servir à financer les pays : cette fois, il devra être bien utilisé et bien financé. Même en sachant qu'une partie des premiers fonds ne se sont jamais rendus à destination?
« C'est sûr que ça paraît mal de voir que l'argent a été mal utilisé. Il faudra s'assurer que ça n'arrive plus. Mais le financement était essentiel parce que les pays en développement n'auraient jamais accepté un accord de réduction sans transfert technologique. L'Inde, par exemple, doit créer 30 millions d'emplois annuellement pour conserver un taux de chômage stable. Si le financement de la technologie verte n'arrive pas, ils se tourneront vers le moins cher, c'est-à-dire le charbon! »
Espérons que cette fois, ce sera la bonne!