La barbe se fait longue! Les pointes fourchues! Les sourcils
en batailles! Les rouflaquettes font leurs rebelles! Bref, un rendez-vous avec
le barbier s'impose. Au Salon Murray, maintenant connu sous la bannière Barbier
Murray, pas besoin d'appeler, juste à se présenter pour un petit tour de magie
avec les ciseaux.
C'est avec une grande fierté qu'Isabelle Hardy, nouvelle
propriétaire du salon, a repris les rênes. Tout simplement par le bouche-à-oreille,
elle s'est retrouvée à jaser avec André et Micheline St-Pierre, les anciens
propriétaires. Le courant est vite passé entre les trois, donnant ainsi la
chance au barbier et sa femme de prendre leur retraite.
« Nous avons fait la transition en douceur. Je les ai
suivis pendant deux mois afin de me familiariser avec la clientèle et mieux
connaître ses habitudes. Je suis officiellement entrée en poste le 2 mai
dernier », explique Isabelle Hardy, qui a toujours eu un petit faible pour
la tonte masculine.
La clientèle se compose principalement des gens du quartier,
de jeunes et de moins jeunes, qui ont entendu parler de l'endroit, ou tout
simplement des réguliers qui apprécient le coup de ciseau de la place.
D'ailleurs, pendant l'entrevue, William s'est présenté au
salon afin de rafraichir sa coupe de cheveux. Fidèle client depuis plus de 50
ans, il a commencé à fréquenter le salon alors que c'était M. Labrie qui manœuvrait
le ciseau.
« Je suis un p'tit gars de l'Est et ici, à l'époque,
c'était comme une grande famille! D'ailleurs, mon auto vient toute seule ici!
Mais ce que j'apprécie le plus, c'est qu'on n'a pas besoin de rendez-vous, on a
juste à se présenter et quelqu'un va s'occuper de nous », explique l'homme
de 66 ans.
Dans cette ambiance des plus sympathiques, le salon offre à
ses clients les services classiques tels la coupe de cheveux et le taillage de
barbe... mais il y a plus!
« Nous avons la mousse chaude, qui aide les pores de
peau à s'ouvrir et rend l'expérience agréable et relaxante. Mais je fais aussi
la vieille technique de rasage avec la lame et les serviettes chaudes »,
précise la barbière qui trouve important de garder les lettres de noblesse de
cet art qui se perd, peu à peu, avec les années.
C'est dans un décor masculin avec ses chaises d'époque,
qu'Isabelle Hardy espère continuer de prendre soin de la tête des clients, tout
en agrandissant la petite famille du Barbier Murray.