Depuis une dizaine d'années, des agents du Service de Police
de Sherbrooke rencontrent, de mars à juin, tous les élèves de 5e
secondaire des écoles de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke et
de plusieurs écoles privées. Ils leur présentent le programme Bal de
finissants.
Les rencontres se déroulent en classe, souvent durant les
cours d'Éthique et culture religieuse. « Durant le premier cours, on
présente le documentaire Dérapages de
Paul Arcand. La rencontre suivante, on discute ouvertement du film »,
explique l'agent Philippe Dubois.
C'est également durant cette seconde rencontre qu'on montre
une vidéo produite par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) Le pouvoir de tout changer qui raconte l'histoire
de quatre jeunes impliqués dans un accident de la route après une soirée bien
arrosée.
« Les adolescents sont de plus en plus sensibilisés.
Les statistiques le prouvent. Depuis 10 ans, il y de moins en moins d'accidents
reliés à l'alcool au volant. Cependant, il reste beaucoup de travail à faire »,
affirme l'agent Dubois.
Surreprésentés dans
les statistiques
Au Québec, les conducteurs de 16 à 24 ans détiennent 10 %
des permis de conduire, mais sont impliqués dans 24 % des accidents avec
blessés graves. De plus, 33 % des jeunes qui décèdent sur les routes n'étaient
pas attachés.
Selon un sondage mené par Bélairdirect, 44 % des répondants
de 18 à 24 ans disent avoir déjà empêché une personne de leur entourage de
prendre le volant lorsqu'elle était sous l'influence de l'alcool ou de la
drogue.
Le pouvoir de choisir
Lors de la tournée des classes, les huit agents du SPS
dédiés au programme Bal de finissants traînent avec eux une trousse dans
laquelle on retrouve un alcootest, un guide d'animation, des dépliants
informatifs et des lunettes Fatal Vision.
Ces lunettes recréent l'impression d'ébriété. Une fois sur
le visage du jeune, le policier lui fait passer divers tests : marcher sur
une ligne droite, attraper une balle et serrer la main d'autrui. Des gestes
simples et anodins qui deviennent rapidement impossibles à exécuter
normalement.
On aborde également plusieurs aspects de la sécurité
routière, comme les textos au volant et les grands excès de vitesse.
« Un impact à 100 km/h équivaut à une chute de 14 étages »,
précise l'agent Dubois.
Prévoir un moyen de
retour
« On ne dit pas aux jeunes de ne pas boire. On ne leur
fait pas croire que l'alcool, c'est mauvais. Il ne faut pas jouer à l'autruche,
soutient l'agent Dubois. Mais le plus important, c'est de prévoir avant de
commencer la soirée comment on va rentrer à la maison. »
« Évidemment, si on choisit un chauffeur désigné, ce dernier
doit demeurer sobre toute la soirée. Car en bas de 21 ans, c'est tolérance
zéro pour l'alcool au volant. Pas même un .08 », rappelle le policier.
Parmi les autres moyens sécuritaires, il existe les taxis,
mais aussi le Cool Taxi. Il s'agit de coupons prépayés qu'on achète dans les
dépanneurs Couche-Tard et les pharmacies Familiprix, et qui font office d'argent
comptant auprès des compagnies de taxi.
On peut également utiliser un service de raccompagnement
comme Alcoséquence qui agit comme Opération Nez Rouge, mais toute l'année.
Enfin, on peut toujours appeler son père ou sa mère. « Je
suis convaincu que les parents préfèrent se faire réveiller à 3 heures du
matin que d'apprendre que leur enfant a conduit soûl ou a embarqué avec un
conducteur en état d'ébriété. »
D'ailleurs, le policier suggère aux parents d'avoir une
discussion ouverte et franche au sujet de l'alcool au volant avec leur
progéniture.