De passage à Sherbrooke pour une séance de signature, l'auteur Alain Labonté présente son deuxième livre, Moi aussi j'aime les hommes, qui met en lumière une correspondance de plusieurs mois entre lui et l'auteur Simon Boulerice.
Il y a quelques mois, Alain Labonté m'accordait une entrevue pour me parler de ses nombreuses retraites spirituelles à l'Abbaye Saint-Benoit-du-Lac. Il m'avait alors parlé de façon brève de son deuxième livre à venir, Moi aussi j'aime les hommes, qu'il signe avec l'auteur et metteur en scène Simon Boulerice.
Heureux d'enfin présenter cet ouvrage touchant et parfois secouant, Alain Labonté a donné rendez-vous à ses lecteurs à la Biblairie GGC de Sherbrooke, jeudi. Après le succès de son premier livre Une âme et sa quincaillerie, dans lequel il raconte son amour inconditionnel pour ses parents et sa quête du bonheur, l'auteur est de retour avec un projet différent, mais tout aussi touchant.
Auteur de chansons pour différents artistes et attaché de presse pour Isabelle Boulay, Clémence DesRochers et pour le Festival Orford, entre autres, Alain n'a jamais caché son homosexualité. Il a eu de la chance, qu'il dit; il n'a pas été rejeté par ses proches.
«J'ai une belle histoire. J'ai été élevé sur une ferme, avec mes parents. Quand j'ai dit à mon père que j'étais gai, je lui ai dit qu'il pouvait me renier et me mettre dehors de la maison s'il le désirait, mais que je ne voulais pas jouer une double vie. Mon père m'a tout simplement répondu : voyons mon gars, tu me parles d'amour, comment je pourrais te mettre dehors de la maison et te renier!»
Mais tous n'ont pas eu droit à cette ouverture et il en est bien conscient.
«Mon ami qui m'a parlé pour la toute première fois des bienfaits de l'Abbaye Saint-Benoit est décédé du SIDA, un 27 décembre. Je l'ai accompagné jusqu'à la fin, pendant que sa famille préférait fêter et manger de la dinde plutôt que d'être avec lui pour ses derniers moments», raconte Alain.
Des histoires comme celle-ci, il peut vous en raconter des tonnes. Puis, un soir, un reportage à la télé d'un jeune homme martyrisé et tué parce qu'il était homosexuel convainc Alain d'écrire un nouvel ouvrage. Il contacte donc son ami et auteur Simon Boulerice pour lui proposer un projet de livre; une correspondance entre eux, un échange régulier de messages dans lesquels ils se racontent leurs bonheurs, leurs rêves, leur passé, leurs difficultés, leurs incompréhensions, leur vie parsemée de hauts et de bas.
«Au final, ce n'est pas un livre sur l'homosexualité, même si ça va certainement interpeler la communauté gai. Dans le titre Moi aussi j'aime les hommes, le mot homme représente l'humanité. On parle de tout, on revisite notre enfance, on parle de l'adolescence, de l'amour, de nos projets, de la solitude, des différences que l'on retrouve d'un pays à l'autre, de la religion, des femmes, des sans-abris; les sujets sont variés.»
Les deux auteurs, qui passent beaucoup de temps à l'étranger, se laissent aussi inspirer de leurs voyages, de ce qui les entoure, dans une authenticité saisissante.
Voici quelques extraits d'échanges entre les deux auteurs:
Simon, 11 octobre 2015, Sept-Îles
« ...Des enfants font une course dans le corridor du Comfort Inn Sept-Îles, peu avant sept heures en ce dimanche matin.....ça m'amène à te demander, Alain : désires-tu avoir des enfants? Moi oui, tu t'imagines bien...»
Alain, 31 octobre 2015, Montréal
« .... Au fait, tu me demandais si j'aimerais avoir des enfants....avant même d'avoir été en mesure d'identifier mon orientation sexuelle, je savais déjà que je ne voulais pas d'enfants(...) je me suis toujours dit qu'il fallait s'aimer assez soi-même pour se reproduire, alors que pendant mes années de jeunesse, cela n'a pas été le cas pour moi...»
Alain, 17 novembre 2015, Drummondville.
« .... Je suis comme toi. Je suis très heureux dans la solitude que j'ai choisie, avec laquelle je danse allègrement. Mais aujourd'hui précisément, pour la première fois de ma vie, quelqu'un me manque, amoureusement...»
Simon, 21 novembre 2015, Lille
«... Dans mon lot de harceleurs, un visage surtout se détache de la masse uniforme : Maxime, un garçon qui était plus vieux que moi d'un an seulement. Parmi les sale fif et petite tapette que me lançait son clan, Maxime se révélait plus épeurant....»
Alain, 26 avril 2016, Almunecar
« ... Que l'on soit en Europe ou au Québec, il y a une ouverture des gens dans les régions que je ne trouve pas nécessairement en ville. Ça me rappelle une anecdote qui te fera probablement sourire...»
Simon, 15 juin 2016, Sibiu
«... Je me sens loin de l'actualité. Je suis actuellement à Sibiu, en Roumanie, pour participer à un pannel sur le théâtre-jeunesse. (...) Je suis surpeuplé de mes enfances, et je les revendique haut et fort... »
Alain Labonté espère que son livre Moi aussi j'aime les hommes puisse être lu dans les écoles. D'ailleurs, son premier livre Une âme et sa quincaillerie est une lecture obligatoire pour les étudiants en littérature à l'Université de Saint-Boniface.
D'autres projets d'écriture sont en chemin pour Alain, dont un projet en compagnie de l'auteure Florence Meney.
