À écouter certains récents reportages, les producteurs agricoles
du Québec ont grandement souffert des températures froides du mois de
juin. Certaines cultures se sont noyées, d'autres ont été menacées par le gel. Si
les récoltes ne battront probablement pas de records cette année, plusieurs producteurs de la région s'en sortent pas trop mal.
Les bleuets se font
rares
Si les pertes se calculent en milliers de dollars pour plusieurs
producteurs de bleuets, d'autres ont tout de même réussi à tirer leur épingle
du jeu.
« Ce printemps, il y avait beaucoup de fleurs sur les
branches, mais je trouvais que mes arbustes manquaient de feuilles. Mon
agronome me disait qu'ailleurs, les branches avaient séché pour cette raison,
raconte Olivier Simard, propriétaire de la Ferme Au Pré Bleu d'Ascot Corner. Je
ne m'attendais pas à autant de bleuets cette année. On s'attendait à une
rupture de stock, mais les feuilles sont arrivées et les bleuets grossissent. »
Une belle saison pour M. Simard qui ne manque pas du petit
fruit bleu pour satisfaire la demande de ses clients et celle d'autres bleuetières,
fermées.
Aussi producteur de fraises et de framboises, Olivier Simard
est jusqu'à maintenant très satisfait de sa saison.
« Dans les dernières semaines, j'ai été obligé de
fermer quelques jours pour laisser aux fruits le temps de mûrir parce qu'il y avait
trop de clients. Les nuits étaient fraîches, les journées aussi, ce qui
attirait les cueilleurs, mais faisait grossir les fruits moins rapidement. »
Il est maintenant confronté au problème inverse. Les chaleurs
annoncées pour les prochains jours feront mûrir les framboises beaucoup plus
vite.
« Les gens viennent moins passer l'après-midi au gros
soleil lorsqu'il fait déjà chaud. Je vais maintenant devoir faire des appels
pour écouler mes framboises. »
Des pommes plus
grosses
Le Verger Le Gros Pierre de Compton ouvrait ses portes au
public le 24 juillet dernier. Si l'autocueillette ne débutera que le 15 août,
plusieurs variétés de pommes et des produits dérivés sont déjà disponibles. Chaque
semaine, une nouvelle variété sera prête à être dégustée.
« Nous avons déjà les pommes blanches Lodi, un peu
acidulée, très bonne à manger avec du sel ou en pâtisserie, commente le
copropriétaire du verger, Gaétan Gilbert. Nos tartes, jus et confitures sont
déjà disponibles à la boutique. L'aire de jeux est aussi ouverte. »
Il y a aussi de la nouveauté au Verger Le Gros Pierre :
« On offre la tarte pomme et érable. Les clients vont adorer! »
Les fruits du verger ne sont pas en retard cette année, mais
ils ne sont pas en avance non plus. Ils seront toutefois bien plus gros que la
normale.
« Les arbres ont fleuri une semaine plus tôt qu'à
l'habitude et les fruits ont poussé rapidement malgré le froid, explique M.
Gilbert. Il a fait chaud avant la Saint-Jean et les fruits ont de 5 à 6
millimètres de diamètre de plus. Pour nous, ça représente entre 8 et 10 %
d'augmentation du volume. »
Si le froid du mois de juin n'a pas affecté la production du
verger, les pommes ne sont pas encore tout à fait à l'abri.
« Ce qui est dangereux ces temps-ci avec les grosses
chaleurs, c'est la grêle qui peut accompagner les orages », explique M.
Gilbert. Si on se réjouit du temps chaud qui s'en vient, espérons tout de même
que dame Nature épargnera les vergers.
Le maïs souffre du froid
Luc Beaulieu sème du maïs six fois entre la fin du mois
d'avril et la fin juin à la Ferme Beaulieu de Waterville. La moitié
des semis sont faits de manière conventionnelle. L'autre moitié, avec des
paillis de plastique et des bâches. Il peut ainsi produire plus rapidement et
offrir du maïs plus longtemps.
« On a commencé un peu plus tard que les autres années.
On a semé de façon conventionnelle et on avait en plus des paillis de
plastique et des bâches pour réchauffer le sol et l'environnement des plants
sur certaines parcelles, explique Luc Beaulieu. Une chance qu'on a fait ça
parce qu'on n'aurait pas eu une belle saison. »
En effet, la saison sera bien ordinaire à cause du mois de
juin. Le maïs est une plante qui cherche beaucoup de chaleur. En raison du
mauvais temps, M. Beaulieu pourrait bien ne récolter qu'un épi sur trois de ses
premiers semis conventionnels. Le légume sera trop petit, mal formé ou encore,
pas beau du tout.
Heureusement, la récolte de M. Beaulieu n'est pas entièrement
compromise. En effet, les plants des autres semis promettent de beaux légumes.
Si d'autres producteurs sont moins chanceux, il se promet de leur donner un
coup de main en les approvisionnant.