Mes souvenirs du secondaire remontent à la surface cette année. Voici la première de trois chroniques qui rappelleront des souvenirs ou, comme aujourd'hui, feront des liens avec l'actualité...
Bonne lecture!
Le secondaire.
J'y pense parce qu'il y a 35 ans, je terminais ces cinq années au Séminaire de Sherbrooke. Juin 1978... Oui, je sais, ça me vieillit un brin! Je me souviens bien du bal et tout, mais mon souvenir le plus précis, c'est lorsque j'ai reçu, par la poste, la lettre du ministère de l'Éducation me confirmant si je passais ou si je ne passais pas. J'ai pris l'enveloppe, nerveusement, comme si la vie venait de s'arrêter, et je me suis isolé, en arrière de la maison de la rue Denault, et je me suis assis sur le banc de la table de pique-nique que papa avait confectionnée (et qui tient debout encore!)
Cette enveloppe-là renfermait l'ultime réponse.
Au bout de quelques secondes, j'ai ouvert l'enveloppe. Pas de bravo, rien, mais une série de chiffres qui me confirmaient, chacun à sa façon, que j'avais réussi.
Ouf. La vie pouvait continuer.
35 ans plus tard, je me rappelle bien tous ces bons moments. Oui, je sais bien, à cette époque-là, il n'y avait que des gars au Séminaire, mais voilà, ça me plaisait bien, au fond... Jamais nous n'aurions fait ou dit autant de niaiseries si des filles avaient porté sur nous un regard critique. À ce moment de ma vie, une phrase aussi banale que « Franchement, t'es con... », dite par une fille aux yeux troublants, serait devenue rapidement assassine.
Mais, au-delà de tout ça, je me rappelle un élément qui a changé des trucs et qui est peut-être la solution à bien d'autres aujourd'hui.
D'abord, il faut dire que les examens prenaient des formes différentes selon la matière enseignée. Cela va de soi. Moi (et je pourrais y aller au nous, j'en suis sûr), j'aimais beaucoup les examens à choix de réponse. Des fois, c'était embêtant, surtout quand le choix comportait une option « toutes ces réponses » ou "aucune de ces réponses" ». Mais, au moins, on avait un choix et on passait rapidement à la prochaine question.
Un choix et on passait à la prochaine question. L'important, c'était de sortir rapidement de la salle d'examen et de reprendre sa vie normale, oubliant, comme par magie, les éléments appris par cœur pour l'occasion.
Mais il y avait les autres. Ces examens dans lesquels il fallait écrire des mots. Des mots qui allaient avoir du sens une fois réunis... Un effort, pour les ados que nous étions.
Exemple de question : « Vous avez une possibilité de payer pour un service professionnel sans payer les taxes. Le faites-vous? » Évidemment, la réponse est non... À tout le moins pour les besoins de l'examen! Mais il y a une sous-question : « Justifiez votre réponse en tenant compte de la pertinence de l'impôt et du système de taxation en place. » « Ah! Bordel, tu m'énerves avec tes questions » aurait été ma première réponse. Réponse que je n'aurais pas écrite, évidemment.
Justifiez votre réponse.
C'est engageant. C'est gossant, diraient les plus jeunes.
Des fois, j'ai l'impression que je vote, depuis des décennies et à tous les paliers où il faut le faire, comme quand j'étais au secondaire, face à un examen : un choix et on passait à la prochaine question. L'important, c'était de sortir rapidement de la salle d'examen et de reprendre sa vie normale, oubliant, comme par magie, les éléments appris par cœur pour l'occasion.
Justifiez votre réponse.
Je repense à tous ces ponts qui sont ou étaient sur le point de nous tomber sur la tête et que l'on continue à reconstruire. Je repense à ce train de l'enfer qui a fauché tant de vies. Je repense à Commission Charbonneau... Nous ne sommes pas en face d'événements surnaturels. Nous sommes face à l'hommerie, celle qui a tout le loisir de s'exprimer quand on n'a pas à justifier nos réponses, pas plus que nos actes.
Justifiez votre réponse, disais-je donc...
Clin d'œil de la semaine
Justifiez votre réponse... Un souvenir du secondaire qui devient primaire!